femme.ouverte

J’aimais bien traîner dans les boîtes, le vendredi soir ou le samedi après midi. Non que j’aime spécialement danser. Je n’y trouvais pas de plaisir particulier, et je ne venais sur la piste que si j’y étais invitée par l’un ou l’autre. Mais j’aimais bien cette atmosphère, lourde, enfumée, sombre, un peu glauque. Certaines filles venaient sans aucun doute pour s’adonner aux plaisirs de la danse, mais la plupart n’y trouvaient, j’en suis sûre, qu’un prétexte commode. En fait, ne soyons pas hypocrites, on n’y allait que pour une seule chose. Les filles pour se laisser draguer, les mecs pour faire leur marché, chercher leur pâture. Pour être honnête, ça ressemblait un peu à la foire aux bestiaux. Les filles faisaient tapisserie, se laissaient examiner, évaluer d’un œil de maquignon par les garçons qui défilaient lentement. On les entendait presque penser : « celle-là elle est bonne, je me la ferais bien, celle-là, bof, c’est un thon. Juste bonne à tirer que si on trouve pas mieux… ». Et on devinait les pensées des filles : « il y en aura bien au moins un qui va s’intéresser à moi... Et pourvu qu’il soit pas trop moche quand même. Tant pis, si j’ai pas le choix je fermerai les yeux… ».
Moi, je restais le long du mur, les yeux mi-clos. Je savais que je ne resterais pas longtemps « inemployée ». Non que je sois la plus jolie, loin de là. Je ne me faisais pas d’illusion là-dessus. Et je ne prenais même pas la peine de jouer aux filles sexy, habillées et fardées pour aguicher le mâle. J’étais le plus souvent en jeans, ou encore dans une petite robe noire toute simple. Mais ma réputation me dispensait de faire le moindre effort de séduction. La plupart des gars qui tournaient pour évaluer le « bétail » me connaissaient, m’avaient déjà utilisée. Ils ne prenaient même pas la peine de m’adresser la parole, de me dire un mot gentil ou flatteur. J’étais pour eux un excellent second choix de fin de soirée. Ils essayaient avant tout de trouver de la chair fraîche, et à défaut d’y parvenir, ils savaient que la marie-couche-toi-là de service toujours là pour leur vider les couilles à bon compte…
Lun 6 mar 2006 3 commentaires
Marie couche toi là... c'est vrai que tu aurais effectivement du t'appeler marie, ce nom te va à ravir.
Yvan - le 17/03/2006 à 23h56

Bonsoir Isa


J'ai lu en grande partie ton blog et, derrière toutes tes aventures, je vois une fille intelligente, sans illusion...


Parfois on a envie de traverser l'écran juste pour venir consoler l'auteur. C'est mon cas lorsque je te lis. je ressens de la tristesse dans tes écrits


Tu t'en fiches surement mais je voulais te dire que je ne crois pas qu'il faille juger quelqu'un au travers de sa sexualité, ça ne regarde personne ça finalement et c'est une question de bol en plus!.


Tu écris bien je trouve, 


je dis des trucs comme ça vient il faut dire que ton blog m'a touchée


Bonne nuit Isa


Della 

Dellamorte - le 10/05/2006 à 03h39
Merci, Della, ton commentaire me va droit au coeur.
Isa - le 04/01/2007 à 16h17